Né à Morges en 1945, Alain Rebord a installé il y a un an son atelier à Saint Prex, après avoir occupé pendant vingt ans un lieu privilégié à Préverenges. Après cela, on ne dira pas qu’il n’apprécie pas cette région lacustre: il aime la peindre, mais il aussi besoin de voyager, au loin, de peur de voir assécher son inspiration. Il part régulièrement sur d’autres continents, en Argentine où vit sa petite-fille, en Indonésie, au sud du Maroc, en Mauritanie, etc., d’où il rapporte des sables, des terres, et surtout des émotions, des lumières alimentant sa verve picturale. Après un voyage au Vietnam sur les traces d’Alexandre Yersin (1863-1943), le médecin morgien qui découvrit le bacille de la peste et vécut toute la fin de sa vie au Vietnam, il peint des panneaux aux couleurs étonnantes, métallisées, où il se souvient des murs d’un extraordinaire palais d’un seigneur de la guerre.
Alain Rebord dessine et peint depuis l’enfance, il est diplômé de la HEAD de Genève, il a été professeur de dessin au Collège et au Gymnase de Morges, il expose depuis 1970, à Lausanne, d’abord à L’Entracte, chez Planque puis Nelly Leplattenier, et plus récemment à la Galerie Edouard Roch à Ballens. Il a aussi exposé à Genève, Bâle, Paris …
Souvent à la limite de la figuration, gagnée par l’élément aquatique, sa peinture naît donc d’impressions de voyage, et aussi des échanges avec Maurice Schobinger, le photographe des montagnes, des tunnels. Il nous dit devoir qelque chose à Turner, et puis à Tàpies pour ce qui est des matières.
Les dernières peintures d’Alain Rebord portent la marque d’une préoccupation bien actuelle, celle de la destruction de la planète par les interventions humaines: que laissons-nous à nos enfants, à nos petits-enfants, dit-il, fâché? Sans entrer dans une polémique politique, Alain Rebord montre, à l’enseigne des Cités perdues, des Tempêtes, et même du Dernier iceberg, des spectacles désolants – qu’il sublime en somptueuses plages de peinture subtilement colorées.
P.H.