Entre 2006 et 2012, je me suis rendu à plusieurs reprises en Argentine où résidait ma famille.
S’il est vrai que quelques années au paravent, j’étais loin de me douter que je serais amené à visiter cet immense pays grand comme cinq fois la France, j’avoue aujourd’hui y avoir trouvé une multitudes de sources d’inspiration tout comme ce sera le cas lors des voyages suivants en extrême orient .
J’ai donc décidé de faire quelques infidélités à notre cher Léman qui, de mon atelier lacustre semblait devenu le compagnon inséparable de mes contemplations.
Quittant mes chers reflets et mes portulants sablonneux, je suis allé découvrir d’autres « sentiers qui bifurquent » et d’autres « livres de sable » chers à Borges.
D’immenses espaces dont les noms à eux seuls évoquent une magnifique palette de couleurs. « Ischigualasto » et les 63000 ha de sa « vallée de la lune », »Humahuca » et ses montagnes zébrées d’ocre et de garance sur lesquelles l’ombre des nuages et si basse qu’elle fait courir les chiens des bergers comme en Irlande. Traverser l’énorme canyon de la « Polvorilla » qu’emprunte le « Train des nuages » qui à plus de 4500 mètres d’altitude met à mal le cœur des voyageurs! Où encore de « Calingasta » à « Cordoba » découvrir la présence de milliers de bouteilles déposées au pied des arbres qui ne cessent depuis des centaines de kilomètres de vous intriguer. Il faudra attendre « San Juan » pour découvrir un mausolée qui n’aurait pas laissé indifférent Jacques Lacarrière. Ce sanctuaire abrite quantités d’ex-votos dédiés à la « Difunte Coréa » qui, au milieu du 19 ème siècle, mourut d’épuisement alors qu’elle suivait l’armée dans laquelle servait son mari. Lorsqu’on découvrit son corps,on constata que son nourrisson avait survécu en tétant le sein de sa mère défunte .
De là, il vous suffira vous laisser pérégriner à la poursuite d’autres découvertes.
Peut-être que le panneau un peu tordu par le vent du sud vous indiquant que vous venez de franchir le tropique du Capricorne vous incitera à poursuivre l’aventure vers des horizons sans fins.
Porté par mes nécessités intérieures, je vais continuer à honorer cette vieille maîtresse, cette peinture qui rit de mes pinceaux dressés vers la lumière vers des moments qui ne sont déjà plus!
Mes certitudes me lâchent un peu, l’aube d’une nouvelle inspiration m’envahit. Je fais confiance à mes instincts. Aller et encore aller vers ce frisson indicible qui comme lorsque j’étais enfant, précédait mes départs en vacances.
Instants fragiles, extatiques et lumineux.
A.R.