Alors que le froid transperce mon bonnet, J’attends le feu vert en regardant les volutes de gaz d’échappement que crachent des limousines aux vitres teintées.
Notre marche est parfois troublée par une bouffée de chaleur échappée d’une porte tambour. Après avoir acheté deux bouteilles chez un traiteur, enjambés encore quelques tas de neige, laissés passer une dizaine de stations de métro, nous avons enfin atteint l’angle de la 234 ème. Le hall de l’hôtel est animé par une foule qui trépigne en attendant des ascenseurs qui ,comme toujours n’arrivent pas! Enfin, la porte refermée, je me suis écroulé sur le lit le regard tourné en direction de la géométrie lumineuse qui grandissait avec la nuit.
Elle a pris une douche, puis nue, s’est approchée de la fenêtre. Sa silhouette s’est détachée en ombre chinoise elle a sourit en surprenant le trouble de mon regard.
Je l’ai prise en photo sans me douter que j’allais retrouver son profil le lendemain.
Et pourtant!
Au MoMA, au sein d’une installation vidéo, elle me réapparut au milieu d’une multitude de projections d’images de montagnes dans lesquelles elle évoluait en projetant son image. Mais ce qui me parut très singulier, ce fût cette grille de lignes qui venait s’interposer entre les deux comme pour rappeler la géométrie des constructions qui nous entouraient. L’intrication de ces deux mondes qui se côtoyaient dans un silence absolu ou la lumière se jouait de tout nos repères me porta à considérer que le plasticien qui l ‘avait réalisée, avait traduit et démontré la fragilité de notre dimension une fois de plus!
Troublants et inoubliables instants!
Me resta plus qu’à revoir les oeuvres de K.G.Friederich!
Le lendemain, il avait neigé sur Central Park et j’appris la mort de Bruno Ganz .
N.Y.2019